Rive Sud Newsletter N°14 - Juillet 2019
Juillet 2019 | Newsletter N°14
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YVERDON-LES-BAINS
SES BÂTIMENTS DU XVIIIe SIÈCLE

PLACE PESTALOZZI

En déambulant dans les rues, du centre historique à Champ-Pittet, sans oublier les Bains, regardez Yverdon-les-Bains sous un angle nouveau !

Les Archives de la Ville ont conçu un dépliant présentant 29 bâtiments datant du XVIIIe siècle ou évoquant leurs propriétaires ou leurs hôtes prestigieux. Découvrez-les ci-dessous et accédez à des informations supplémentaires en cliquant sur les titres ou les images!

Au XVIIe siècle, Yverdon-les-Bains jouit d’une grande prospérité et rayonne au-delà des frontières suisses. Les bourgeois aisés commandent de nouvelles constructions et des transformations architecturales, remodelant ainsi le tissu bâti du centre historique et de sa périphérie. Les autorités yverdonnoises, désireuses d’affirmer leur autonomie face au souverain bernois logeant dans le Château, ne sont pas en reste : entre 1753 et 1776, elles font reconstruire le Temple, l’Hôtel de Ville et son logis, trois bâtiments emblématiques de la place Pestalozzi.

Le dépliant est disponible à la réception de l’Hôtel de Ville, à l’Office du tourisme et auprès des institutions culturelles de la Ville. Des informations supplémentaires et des illustrations sont accessibles sur le site internet grâce à un QR code placé sur les bâtiments ou via www.ylb.ch/batiments-18eme.

1 PLACE PESTALOZZI

Au cœur de la ville, la place Pestalozzi, ancienne place du marché rebaptisée du nom du célèbre pédagogue Henri Pestalozzi en 1890, est le témoin de l’âge d’or d’Yverdon au 18e siècle. D’origine médiévale, elle regroupe autour d’elle tous les bâtiments officiels importants : église (1757), halles et hôtel de ville (1768-1769), et enfin auberge communale (1775-1776) qui jouxtent le château du 13e siècle, alors propriété et résidence du souverain bernois.

Tous les édifices communaux ont été reconstruits en l’espace d’une trentaine d’année, ce qui a favorisé l’élaboration d’un ensemble à l’homogénéité et à l’harmonie architecturales exceptionnelles. Le comblement des fossés du château dès 1780, ainsi que la construction en 1843 de l’ancien casino (place Pestalozzi n° 13) achèvent l’aménagement de la place en lui donnant l’aspect et les dimensions qu’on lui connaît aujourd’hui.

2 TEMPLE, PLACE PESTALOZZI

Construit sur le site de l’ancienne église Notre-Dame dont on aperçoit le clocher médiéval, le temple présente une façade inspirée de l’architecture baroque romaine. Son effet monumental contraste avec la majorité des églises du Pays de Vaud, empreintes de retenue protestante. Le 1er niveau présente des colonnes atteignant presque la hauteur des maisons voisines. La devise de la ville Superna quaerite (« Recherchez les choses qui sont en haut ») entoure, au 2e niveau, le cadran de l’horloge. Au sommet, le fronton cintré représente une allégorie de la Foi chrétienne : sous l’oeil divin magnifié de rayons se déploient des symboles du Nouveau Testament au centre et de l’Ancien Testament sur les côtés.

3 HOTEL DE VILLE, PLACE PESTALOZZI

Reconstruit au 18e siècle pour des raisons fonctionnelles et symboliques, cet édifice affirme le pouvoir de l’autorité communale face au souverain bernois qui loge dans le château. Entièrement bâtie en pierres jaunes de Neuchâtel, la façade monumentale donnant sur la place s’inspire de la grande architecture classique parisienne. Elle présente un avant-corps central rythmé par des pilastres et surmonté d’un fronton triangulaire portant la date de conception du bâtiment. L’élégance de cette façade qui s’intègre parfaitement à l’ensemble des bâtiments l’entourant confère à la place une dimension spectaculaire.

L’hôtel de ville comprenait notamment les halles au rez-de-chaussée, les salles des conseils au 1er et une grande salle, utilisée comme salle de spectacle au 2e étage. Le 27 novembre 1773, après six ans de travaux, les conseils de ville prennent possession de leurs nouveaux locaux situés au bel étage de l’édifice.

4 LOGIS DE L’HOTEL DE VILLE, PLACE PESTALOZZI 2

Situé dans le prolongement de l’hôtel de ville, le logis, autrefois appelé Logis de l’Aigle royal, possède une façade plus discrète et légèrement en retrait afin de respecter la hiérarchie des bâtiments par rapport au temple et à l’hôtel de ville. Construit sur le site de l’ancienne maison de ville, ce bâtiment était utilisé comme auberge communale jusqu’en 1799. De style néoclassique, il présente une façade simple avec alternance de pierres jaunes et de surfaces crépies, ainsi qu’un demi-étage sous les toits que l’on retrouve dans d’autres bâtiments de la ville (n° 12, Grand Cercle).

Béat de Hennezel, seul architecte yverdonnois connu de la seconde moitié du 18e siècle, a étudié à Londres mais tire ses influences du néoclassicisme français. On lui attribue plusieurs édifices prestigieux à Yverdon, tels que la villa d’Entremonts et la maison Haldimand.

5 MAISON PILLICHODY, PLACE PESTALOZZI 11

La façade construite en 1733 est la première de style classique sur la place, entièrement édifiée en pierres de taille. Ses propriétaires au 18e siècle – Jean-François et François Barthélémy Pillichody – sont issus d’une famille bourgeoise possédant plusieurs propriétés à Yverdon.

Les Pillichody ont occupé des fonctions importantes au sein des autorités locales durant une bonne partie du 18e siècle. François-Barthélémy Pillichody a notamment assisté le bailli bernois en qualité d’assesseur baillival puis est devenu châtelain d’Yverdon et lieutenant baillival.

6 MAISON AUBERJONOIS, PLACE PESTALOZZI 5

Malgré l’absence d’ornementation, la façade revêt une certaine élégance grâce à la disposition régulière des pierres et à l’usage des encadrements rectangulaires surmontés de corniches. Elle possède une hiérarchisation peu commune des étages avec un entresol au-dessus du rez-de-chaussée, élément rare à l’époque, et un demi-étage sous les toits, typique du style néoclassique qui se généralise dans les constructions modestes de la fin du siècle. La présence de cet élément laisse penser que Béat de Hennezel est à l’origine de ce bâtiment.

Isaac Louis Auberjonois, conseiller puis banneret d’Yverdon, fait ériger cette façade en 1786. Dès 1799, il est également propriétaire du château de Montagny-le-Corboz, près d’Yverdon.

7 MAISON FAVRE, PLACE PESTALOZZI 4

En 1752, les travaux effectués sur le bâtiment concernent uniquement la façade. Les structures anciennes à l’arrière sont, elles, conservées. Cette pratique, courante au 18e siècle, permettait de rénover un bâtiment à moindre coût. L’axe central est sommé d’un fronton, décoré d’ornements sculptés inscrits dans des motifs végétaux. Contrairement aux étages qui portent encore les caractéristiques architecturales de l’époque, le rez-de-chaussée est entièrement modifié dans les années 1950 donnant l’impression d’une façade suspendue dans le vide. À l’origine, une porte en plein cintre ornait cet étage. Antérieure à l’édification du temple, la maison Favre marque d’une certaine manière le début de la modernisation de la place.

8 MAISON HALDIMAND, RUE DU LAC 4

Ouvrage de grande ampleur auquel l’étroitesse de la rue ne fait pas honneur, cet ancien hôtel particulier, divisé en cinq parties avec balcon au centre, présente par ses éléments décoratifs une façade similaire à celle du logis de l’hôtel de ville. Ainsi, ce bâtiment pourrait être l’oeuvre de Béat de Hennezel. La maison est érigée en même temps que le château de Champ-Pittet (n° 29) par le Général Haldimand, de retour dans sa ville natale après ses campagnes militaires outre-Atlantique.

A l’apogée de sa carrière entre 1778 et 1786, Haldimand occupait la plus haute fonction qu’un étranger puisse exercer au sein de l’armée anglaise, celle de commandant en chef des armées et gouverneur du Québec. Il meurt à Yverdon en 1791 avant qu’il ait pu jouir des deux propriétés qu’il faisait construire.

9 MAISON LAMBERT, RUE DU LAC 6

Entièrement composée de pierres jaunes d’Hauterive, la façade de la maison Lambert est rythmée par des pilastres qui se déploient sur trois niveaux. Contemporaine de l’hôtel de ville, cette maison s’en rapproche par son apparence, laissant supposer qu’elle pourrait être l’oeuvre d’Abraham Burnand. À l’origine, le rez-de-chaussée comportait trois ouvertures en plein cintre. Seule subsiste aujourd’hui la porte d’entrée surmontée d’une sculpture représentant une tête entourée de rinceaux à grappes. Les fenêtres sont richement décorées de moulures et d’appuis en fer forgé ornés des attributs de l’amour : le carquois et la torche.

10 MAISON DU CHASSEUR, RUE DU LAC 1

Situé à côté du clocher du temple, l’édifice présente une façade simple de style néoclassique : pauvre en motifs décoratifs et sculpturaux, d’une surface crépie et munie d’un demi-étage au niveau du couronnement. Les encadrements des fenêtres sont rectangulaires, comme c’est généralement le cas pour toutes les fenêtres de la fin du siècle.

Située vis-à-vis de ce bâtiment, la maison Lambert (n° 9) a longtemps été nommée à tort maison Chasseur. La confusion est due au fait que la famille Chasseur possédait bien une grange de l’autre côté de la rue du Lac, à côté de la maison Lambert. Le Général Frédéric Haldimand en fera l’acquisition pour édifier son hôtel particulier (n° 8, rue du Lac 4).

11 MAISON VERSEL, RESIDENCE D’ELIE BERTRAND, RUE DU LAC 7

Le pasteur, naturaliste et géologue Elie Bertrand aurait résidé dès 1768 dans cette maison à l’impressionnante façade. Ses travaux dans le domaine de l’étude des fossiles étaient connus dans toute l’Europe. Grâce à ses relations avec des intellectuels et des aristocrates européens, Bertrand a contribué à la renommée d’Yverdon au 18e siècle. Dans les années 1760, il fonde la Société économique d’Yverdon qui deviendra la Bibliothèque et constitue plusieurs cabinets d’histoire naturelle, dont l’un est à l’origine du Musée d’Yverdon. Son salon de discussion « La Société qui ne joue ni ne médit », sis dans cette maison, permettait aux étrangers de passage et à l’élite locale de se rencontrer contribuant ainsi certainement à l’échange et la diffusion des idées au siècle des Lumières.

12 GRAND CERCLE, RUE DU LAC 10

La façade surmontée d’un fronton triangulaire en son centre est entièrement composée de pierres d’Hauterive. La maison est acquise et reconstruite en 1777 par le Grand Cercle, société toujours active aujourd’hui. Le premier étage servait aux salles de réunion et de lecture, le second, sorte de demi-étage, était dédié aux appartements.

Fondé en 1775, le Grand Cercle offrait aux citoyens et aux étrangers de passage un espace d’échange et de réflexion, à l’instar de ce qui se faisait au n° 7 de la même rue. Ses activités étaient d’ordre culturel : mise à disposition de journaux et gazettes, représentations théâtrales et spectacles, invitation de personnalités du monde des arts, des lettres et des sciences.

13 IMPRIMERIE DE FELICE, RUE DU LAC 45

C’est ici qu’en 1762, l’encyclopédiste et éditeur Fortunato Bartolomeo De Felice établit sa célèbre imprimerie, avant d’entreprendre des travaux de transformation en 1777 - 1778. Les presses occupaient les deux pièces au rez-de-chaussée et, au-dessus, se trouvaient les ateliers des compositeurs-typographes ainsi que les dépôts de papier. Employant jusqu’à 32 ouvriers, l’imprimerie a édité les 58 volumes de l’Encyclopédie d’Yverdon entre 1770 et 1780. Pour cette œuvre d’envergure surtout diffusée en Hollande, en Allemagne, en Scandinavie et en Russie, De Felice a notamment collaboré avec des personnalités et des scientifiques de renom, tels que Leonhard Euler et Albrecht von Haller.

En face, au numéro 42 de la rue, sa femme Suzanne Wavre et lui tiennent un pensionnat jouissant d’une notoriété internationale.

14 MAISON MANDROT, RUE DU LAC 48

Alors que la façade sur rue est entièrement en pierre appareillée, la façade occidentale, dissimulée en partie par les murs de la ville lors de son édification, paraît aujourd’hui nue. Utilisé comme hôtel particulier avec un agencement commercial au rez-de-chaussée, l’édifice devient le quartier général de l’entreprise Mandrot qui établit depuis Yverdon un commerce direct avec l’Angleterre au 18e siècle.

Fournissant de l’outillage et de l’acier à l’industrie horlogère suisse, François-Frédéric et Louis-Gamaliel Mandrot ont aussi permis à la clientèle suisse et continentale férue du « made in England » d’avoir accès à un large panel de produits et accessoires à la mode. Commandés par Louis Mandrot et exécutés par le maçon Henri Landry, les entrepôts de Mandrot et Cie se trouvent à la rue du Collège 7.

15 MAISON BURNAND, RUE DU COLLEGE 12

Construite à la demande du capitaine et conseiller Jean-Louis Burnand, cette bâtisse présente trois étages séparés sur la façade par des cordons moulurés. Au centre, les deux portes d’entrées en pierre de taille sont surmontées d’une petite corniche saillante. Les fenêtres sont au nombre de six par niveau et procurent une certaine élégance à la façade. Le côté gauche du bâtiment est flanqué d’une annexe à porte cochère qui relie la rue aux dépendances et aux jardins de la maison.

16 MAISON RUSILLON, RUE DU FOUR 25

Bâtie par David François Rusillon, cette vaste demeure est louée aux receveurs généraux des sels, qui sont en charge de la gestion des recettes du sel en provenance notamment de Franche-Comté et destiné à Berne. Elle présente une façade tripartite dont les étages sont séparés par des cordons moulurés. L‘entrée conserve une porte dont subsiste la menuiserie de style Louis XV.

À la fin du siècle, la propriété appartient au major François Louis, fils de David Rusillon. Durant la Révolution, Rusillon est incarcéré à Paris en raison de ses liens avec les contre-révolutionnaires. Condamné à mort en 1804 pour avoir participé à une conspiration contre Napoléon, puis voyant sa peine commuée, il est détenu au château d’If à Marseille jusqu’à la chute de l’Empire. La maison est vendue en 1827 au pédagogue Roger de Guimps.

17 MAISON BOURGEOIS, RUE DU FOUR 23

Cette demeure bourgeoise présente une réduction d’un hôtel particulier entre cour et jardin. Deux corps de logis, l’un donnant sur la rue et séparé de l’autre par une petite cour intérieure, sont reliés par une aile latérale. Le côté cour abritait les dépendances et la domesticité. Ces annexes ont aujourd’hui disparu, libérant la vue sur une belle façade. Celle donnant sur la rue, plus sobre, est néanmoins mise en valeur par des moulures ornementales et des pilastres encadrant une fenêtre munie d’un appui en fer forgé. Ces éléments stylistiques laissent penser que l’architecte genevois J.-M. Billon, concepteur des plans du temple, en est l’auteur.

Au 18e siècle, cette demeure est la propriété de Louis- Emanuel Bourgeois, châtelain des Clées et conseiller de ville durant cinquante ans, de 1733 à 1783.

18 MAISON BOURGEOIS-DE-LA-FORET, RUE DU FOUR 17

Cette maison est formée de deux corps de logis, l’un donnant sur rue, l’autre sur cour et jardin. Unique dans la région, la façade simple et rectiligne de ce bâtiment se distingue par une architecture typiquement Louis XVI avec ses corniches saillantes ornées de guirlandes sculptées, empruntées au répertoire antique. Celles-ci sont situées sous le demi-étage abritant à l’origine la domesticité.

Derrière cette façade, les deux corps de logis sont reliés par une galerie d’escaliers, ornée d’une peinture murale attribuable au peintre Carlo Cocchi vers 1800. La cour, par son aspect théâtral accentué par des musiciennes, des urnes et des trophées en trompe-l’œil, a sans doute servi de lieu de concerts.

19 MAISON PILLICODY, RUE DU FOUR 7

La maison réunit en réalité trois parcelles dont les structures anciennes subsistent à l’arrière. On le remarque notamment par l’irrégularité de la disposition des fenêtres qui dénote l’intégration des anciens murs. La façade archaïsante (bandeau horizontal, forme des fenêtres) est probablement la reproduction de l’un des bâtiments antérieurs. Ces travaux ont été commandés par le propriétaire d’alors, Jean-Georges Pillichody.

Par un mariage arrangé avec Rose de Watteville, issue d’une famille de notables bernois, J.-G. Pillichody connaît une remarquable ascension sociale qui lui ouvre les portes de l’administration baillivale. Durant une partie du 18e siècle, il a tenu un journal dans lequel il décrit les mœurs de la société yverdonnoise d’alors.

20 HOTEL DE LA MAISON ROUGE, RUE DE LA MAISON ROUGE 7

Situé à l’emplacement de l’ancien logis de la Croix-Blanche, l’hôtel, qui donne son nom à la rue, est reconstruit à la fin du 18e siècle. Ce grand édifice possède trois étages et un important rez-de-chaussée dont le mur est percé de deux grandes ouvertures carrées sur les côtés et de trois baies en plein-cintre.

Durant la République Helvétique (1798-1803), les grands logis de l’Aigle, du Sauvage (à la rue du Lac 41), des Bains et de la Maison Rouge sont réquisitionnés pour l’hébergement des soldats français de Napoléon qui occupent la Suisse depuis la révolution helvétique de 1798.

21 MAISON AUX COLONNES, RUE DE LA PLAINE 5

Ce bâtiment plus ancien était connu sous le nom de « maison au colonnes ». Il présentait en effet devant la façade sur rue un avant-toit sur poteaux en bois qui a été démoli en 1826 au moment de l’agrandissement de la chaussée. Cet élément architectural, très rare à Yverdon, est uniquement connu par un dessin du peintre vaudois Louis Ducros.

Pour le 18e siècle, cet édifice est surtout intéressant en raison du séjour de Jean-Jacques Rousseau en juin 1762. Ayant fui la France suite à la condamnation de l’Emile et du Contrat social, Rousseau est accueilli ici durant un mois par son ami Daniel Roguin, rencontré à Paris en 1742. Issu d’une famille bourgeoise d’Yverdon active dans le négoce international, Roguin fait fortune aux Indes, puis devient banquier à Paris avant de revenir à Yverdon. Quant à Rousseau, il garde un lien avec Yverdon, malgré son exil. Il lègue notamment dix volumes de ses œuvres et un portrait à la bibliothèque de la ville.

22 MAISON PERCERET, RUE DE LA PLAINE 7

Cette maison étroite est néanmoins fort élégante avec sa façade entièrement composée de pierres jaunes et ses pilastres toscans soutenant une corniche épurée dans un style néoclassique. Comme beaucoup de bâtiments du centre historique, le rez-de-chaussée a perdu son aspect d’origine. Autrefois, un perron de trois marches s’étendait devant la maison.

François Perceret, probablement apothicaire de profession, est issu d’une famille composée de pharmaciens et de négociants. Originaires de Grandson, les Perceret obtiennent la bourgeoisie d’Yverdon en 1583.

23 MAISON LOUP, RUE DE LA PLAINE 39

Le rez-de-chaussée de cette maison se distingue des étages par l’usage de la pierre de taille et son soubassement en calcaire blanc du Jura. Les appuis en fer forgé sur les fenêtres confèrent une touche d’élégance et d’originalité à la façade.

Construite au 18e siècle par un membre de la famille Loup, le bâtiment est acquis au 19e siècle par Jean-Conrad Naef, collaborateur de Pestalozzi, qui y installe le premier institut suisse pour sourds-muets. À sa mort en 1832, sa femme Charlotte née Scherer assume la direction avec sa fille aînée Marie, en qualité d’institutrice. À la suite de sa mère, Charles dirige l’institut entre 1847 et 1868 avant de l’abandonner au profit d’une carrière politique.

24 MAISON LOUP, RUE DE LA PLAINE 38

La maison qui a également appartenu à la famille Loup présente trois étages sur rez-de-chaussée dont le dernier est issu d’une surélévation postérieure (1823). Des détails décoratifs, tels que les cordons moulurés séparant les étages, révèlent les traits de l’ancienne façade, qui devait à l’origine être composée de deux étages sur rez de cinq percements par niveaux. Au rez-de-chaussée, la porte au centre était flanquée de deux fenêtres de chaque côté. La date d’édification est inscrite au-dessus de l’entrée dont l’encadrement mouluré est garni d’une agrafe feuillagée. La décoration de la porte rejoint celle de la fenêtre du 1er étage qui présente une tête sculptée posée sur une tablette saillante.

25 MAISON GUIGNARD, RUE DE LA PLAINE 46

Richement ornée d’éléments sculptés, la façade d’esprit Louis XVI inaugure une nouvelle tendance dans la construction bourgeoise. L’entrée est coiffée d’une tête de lion sculptée surmontée d’un feuillage. Au sommet de la façade, un médaillon où se développe une guirlande porte la date de 1777. À chaque extrémité de la façade des chaînes d’angle ornées d’éléments sculptés confèrent au bâtiment une grande finesse, accentuée par les appuis en fer forgé des fenêtres.

Installé à Yverdon depuis 1765, l’ébéniste P.-A. Guignard fait reconstruire cette maison probablement sur la base de ses propres plans. Artisan reconnu, il est l’auteur des boiseries des salles du Conseil des Vingt-Quatre et du Conseil des Douze, aménagées entre 1770 et 1773 dans le nouvel hôtel de ville.

26 VILLA D’ENTREMONTS, AVENUE DES BAINS 20

Cette propriété, construite par David-Philippe de Treytorrens, présente deux très belles façades principales. L’axe central de la façade côté cour est entièrement en pierres de taille et accueille l’entrée, dont l’accès se fait par deux escaliers incurvés et, au-dessus, un balcon reposant sur deux colonnes. Couronnant le tout, un décor végétal se déploie autour des armoiries de la Ville d’Yverdon-les-Bains, propriétaire depuis 1961, et de la devise de la famille de Treytorrens. La façade nord qui donne sur le parc est plus classique. Elle présente un avant-corps central à trois ouvertures ornées de guirlandes, surmonté d’un fronton triangulaire arborant notamment les attributs de D.-P. de Treytorrens.

Issu d’une famille noble sur le déclin à la fin du 18e siècle, cet officier dans l’armée française s’installe sur l’île de St-Domingue en 1742. Il y épouse la fille d’un important propriétaire terrien. L’apport financier que lui procure ce mariage lui permet certainement de faire reconstruire cette maison de maître à son retour à Yverdon en 1776.

27 GRAND HOTEL DES BAINS, AVENUE DES BAINS 22

Avec le développement du thermalisme, la ville décide, en 1728, d’édifier un nouvel établissement hôtelier destiné aux bains. Le corps principal, flanqué de deux tourelles carrées, est dévolu à l’hébergement hôtelier, tandis que l’annexe accueille les soins thérapeutiques.

À l’origine, l’hôtel compte vingt-sept chambres, deux cabinets et un appartement dédié au tenancier ainsi que vingt-cinq baignoires et une étuve. De nouvelles commodités sont installées en 1740 pour répondre à une demande en constante croissance, notamment de la part d’une clientèle suisse et européenne fortunée. Cet âge d’or est interrompu par la Révolution française qui amorce une phase de déclin au tournant du siècle.

28 MAISON ROGUIN, RUE DE CLENDY 27

Le style de cette façade allongée indique qu’elle est édifiée durant le 3e quart du 18e siècle. Propriété des Roguin, ancienne famille bourgeoise d’Yverdon, cette demeure accueille en 1818 l’Institut d’Henri Pestalozzi pour enfants pauvres. Le programme scolaire de la maison de Clendy prévoit, pour certains enfants, une bonne instruction et une initiation aux travaux manuels et domestiques qui leur permette de travailler rapidement, tandis que les plus avancés sont formés pour devenir maîtresses et maîtres de classes à la campagne.

Après seulement une année d’activité, l’école ferme ses portes et transfère ses écoliers au château.

29 CHÂTEAU DE CHAMP-PITTET, CHESEAUX-NOREAZ

Édifice original d’influence anglaise, cette résidence de campagne devance les premières réalisations néoclassiques du canton. La façade nord présente une demi-rotonde en pierre de taille, munie de trois grandes ouvertures offrant depuis le salon ovale une large vue sur le cadre naturel environnant. Cet élément hémi-cylindrique est caractéristique de la tradition architecturale anglaise, mais est alors très rare dans le Pays de Vaud. La face ouest est composée, au centre, d’un balcon sur colonnes et, sur les côtés, de deux avant-corps sommés de frontons.

Le Général Haldimand acquiert le domaine de Champ- Pittet en 1777 et y fait ériger ce château après avoir mené une brillante carrière militaire auprès de l’armée britannique outre-Atlantique. Il a probablement fourni les plans du bâtiment à l’architecte exécutant, Gabriel Delagrange, l’auteur de la maison Mandrot à la rue du Lac 48 (n° 14).