Date de construction : 1763
Architecte : Gabriel Delagrange

Ce bâtiment présente deux façades très différentes l'une de l'autre. La façade donnant sur la rue du Lac possède deux avant-corps latéraux et non un avant-corps central comme c’est le cas dans la traditionnelle organisation classique. Soulignés de chaînes d’angles* à refends, ces derniers préfigurent déjà le néoclassicisme qui sera en vogue dès la fin du siècle. Alors que cette façade sur rue à deux étages sur rez-de-chaussée est entièrement en pierre de taille, celle donnant sur le pont de Gleyres est en surface crépie et organisée de manière tout à fait différente, comptant un demi-étage de plus ainsi qu’un attique ajouré de quatre oculi*. Cette différence s’explique par le fait qu’à sa construction cette façade était en partie dissimulée par le mur d’enceinte de la ville et n’a pas été travaillée de la même manière.
Erigée en 1841, la terrasse est composée de pierres issues de la destruction de la porte de Gleyres, qui constituait la porte d’entrée occidentale de la ville depuis le Moyen-Âge.
Le bâtiment est dû à l’architecte lausannois Gabriel Delagrange (1715-1794), auteur notamment des églises de Corcelles-sur-Chavornay et de Prilly.

Organisé comme hôtel particulier avec un commerce au rez-de-chaussée, dont les ouvertures sont d’origine, l’édifice a accueilli le quartier général de l’entreprise d’import-export de la famille Mandrot. Le négociant François-Frédéric Mandrot (1705-1771) et son fils Louis-Gamaliel (1740-1795) ont développé au 18e siècle un important commerce avec l’Angleterre faisant d’Yverdon la plaque tournante de la distribution de produits anglais en Suisse et sur le continent. En établissant un lien direct avec les fournisseurs et fabricants d’outillage anglais sans passer par les habituelles foires européennes, ils ont raccourci les circuits commerciaux et mis plus rapidement à disposition des entreprises horlogères neuchâteloises et genevoises des produits à la pointe de ce qui se faisait alors.
Ils ont tout d’abord importé de l’acier et des pièces d’horlogerie, avant d’élargir leur catalogue à toutes sortes de produits « made in England » comme des vêtements, des accessoires, des tissus ou encore du matériel d’optique, de la porcelaine ou des articles de quincaillerie. A la fin du siècle, ils avaient en stock plus de 1300 produits différents dans leur entrepôt de la rue du Collège n°7, édifié en 1786-1787.

Louis-Gamaliel Mandrot s’est également lancé dans les exportations de spécialités suisses vers l’Angleterre avec des produits tels que l’eau d’arquebusade, le thé suisse, les fromages, l’absinthe neuchâteloise, les vins vaudois, mais aussi les pastels fabriqués par la maison Stoupan à Lausanne. Son fils David-François (1770-1826) devra affronter la concurrence anglaise des voyageurs de commerce, la Révolution française et subir, dès 1806, le Blocus continental décrété par Napoléon Ier jusqu’à la faillite de son commerce en 1812.

 

Sources : Hugues Jahier, « Le commerce international. Yverdon propulsée à l’avant-scène » In D.de Raemy et C.Brusau, Histoire d’Yverdon II De la conquête bernoise à la Révolution vaudoise, Yverdon-les-Bains, 2001, pp. 235-256; Perret-Gentil, Nathalie, Yverdon 1750-1850. Aménagements urbains et architecture privée, Lausanne, 1991 [mémoire de l'Université de Lausanne. inédit], pp. 51-54. 

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