Mesdames, Messieurs,

Il y a deux ans, presque jour pour jour, que nous quittait Léon Michaud, Bourgeois d’honneur de la ville d’Yverdon.

Pour ceux qui n’auraient pas connu ou qui auraient oublié ce grand Yverdonnois, je me permets de retracer aussi rapidement que possible sa longue et féconde carrière.

M. Michaud, né le 14 octobre 1879, était issu d’une ancienne famille vaudoise originaire d’Avenches. Après sa scolarité obligatoire et secondaire en notre ville, il poursuivit ses études à Lausanne et à Florence. Licencié en lettres de l’Université de Lausanne en 1904, M. Michaud se voua à l’enseignement et professa tout d’abord au Collège de Ste-Croix, de 1906 à 1920, puis à Yverdon à partir de 1921. Il fut nommé directeur de notre Collège secondaire en 1939, fonction qu’il remplit jusqu’en 1950, année où il prit sa "retraite". Nous plaçons ce mot ente guillemets à dessein, car M. Michaud n’a jamais cessé de travailler. Soucieux du développement culturel de notre population, cet Yverdonnois a mis constamment son érudition à la disposition de ses concitoyens. C’est ainsi qu’il a rempli durant 30 ans les fonctions de bibliothécaire et conservateur du Musée. Il a donné des cours de géographie économique aux apprentis pendant 30 ans également.

Il y a lieu de relever ici le travail d’historien accompli par M. Michaud, qui a publié plusieurs ouvrages et collaboré à beaucoup de journaux et revues divers, dont notamment Yverdon à travers son passé, recueil des principaux articles publiés dans le journal local.

Arrivé au terme d’une belle et fructueuse carrière, ayant élevé deux enfants (son fils Georges Michaud, l’ancien directeur du Collège classique de Béthusy à Lausanne, et sa fille a épousé un ancien Yverdonnois, M. Gilbert Rohrer, actuellement directeur de l’Imprimerie Centrale à Lausanne), M. Léon Michaud, qui avait eu le chagrin de perdre sa compagne en 1955, eût été en droit de jouir d’un repos bien mérité. Il n’en fut rien, bien au contraire, puisqu’il accepta de se charger d’une tâche importante qui aurait certainement rebuté de plus jeunes que lui : l’organisation de nos archives communales selon les directives de l’Autorité cantonale.

Là encore, M. Michaud n’a pas hésité, malgré son âge, (il avait alors 77 ans) à mettre au service de la Commune ses vastes connaissances en matière d’histoire locale. Nul mieux que lui, en effet, n’était qualifié pour compulser, trier, classer et cataloguer nos documents. Avec courage, persévérance, méthode et intelligence, notre archiviste s’est attelé à la besogne et l’a menée à bien au cours des 11 années de travail. Certes, il n’y a pas consacré toutes ses journées, occupé qu’il était à une foule d’autres activités, notamment le service de la Bibliothèque publique. Néanmoins, tout au long de ces 11 années, faisant preuve d’une énergie admirable si l’on songe à son âge (mais lui-même y a-t-il songé ?), il a contrôlé, classé, catalogué 6'000 pièces, registres et documents de tous genres, dont 1'500 parchemins, le plus ancien datant de 1307. Notons en passant que les archives antérieures se rapportant à l’époque savoyarde, sont conservées à Turin.

Aujourd’hui, grâce au travail de bénédictin accompli par M. Michaud, nous disposons d’archives parfaitement en ordre, conservées et classées selon les normes cantonales. Le catalogue établi permet une consultation aisée et rapide, ce qui était loin d’être le cas jusqu’ici.

L’activité féconde déployée par M. Léon Michaud en faveur de notre ville sur le plan éducatif et historique a été récompensée en 1968 par l’octroi de la bourgeoisie d’honneur d’Yverdon.

Dans sa séance du 25 août 1974, la Municipalité a décidé de manifester sa reconnaissance à M. Léon Michaud d’une façon encore plus tangible, destinée à perpétuer dans le souvenir de nouvelles générations d’élèves le nom de celui à qui notre ville doit beaucoup.

La rue bordant le nouveau collège portera désormais le nom de rue Léon-Michaud de même que l’établissement scolaire deviendra le collège Léon-Michaud.

Ce n’est que justice envers celui qui consacra toute sa vie à un fructueux enseignement et qui marqua de sa personnalité des milliers d’élèves.

Je forme enfin le vœu, que, passant devant cette plaque, les générations futures s’inspirent du nom de cet homme qui, sa vie durant, s’est considéré comme étant au service de sa communauté yverdonnoise à laquelle l’attachaient d’indéfectibles liens, que les générations futures comprennent qu’il y a aussi et surtout de la joie à accomplir une œuvre bénéfique à tous, et que la rue Léon-Michaud, que le collège Léon-Michaud restent le symbole d’un humanisme éclairé et généreux si indispensable à une vie heureuse.

Merci M. Léon Michaud.

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